Fermeture de la WAK : La lutte contre le sans-abrisme mérite une autre approche

Maintenant que la WAK 2024-2025 est fermée, il est urgent, estime Médecins de Monde ASBL, ONG qui lutte à garantir le droit à la santé pour toutes et tous par des soins et du plaidoyer, que le Ministère de la Famille, revoie fondamentalement le fonctionnement de la WAK pour offrir plus de dignité humaine aux personnes sans-abri qu’elle héberge et contribuer réellement à la fin du sans-abrisme à laquelle le Gouvernement s’est engagé.
Depuis novembre dernier, Médecins du Monde (MdM) a assuré une permanence médicale hebdomadaire à la WAK – le centre d’hébergement du plan hiver géré par la Dräieck a.s.b.l – au Findel, assurant ainsi, en compagnie de partenaires, sa mission humanitaire d’accès aux soins médicaux pour les résidents de la WAK.
Cependant, en tant qu’organisation luttant pour le droit à la santé – dont l’absence de chez-soi constitue un facteur aggravant -, MdM estime de sa responsabilité d’interpeller le gouvernement et, en particulier le Ministère de la Famille, quant à la nécessité de revoir fondamentalement le fonctionnement de la WAK.
« Au-delà des efforts des uns et des autres que nous reconnaissons, déclare Stéphanie Gardini, responsable du Service Social de MdM, nous avons le sentiment que la WAK reste le service minimum qu’un Etat digne de ce nom se sent obligé d’offrir pour éviter qu’on lui reproche une forme de « non-assistance à personne en danger » ». MdM ne peut que souscrire au constat qu’a fait en mars dernier la Commission consultative des Droits de l’Homme par la voix de son Président qui déclarait les critères d’admission imposés par le Ministère de la Famille contraires aux Droits Humains. « Nous regrettons particulièrement que même la présentation d’un certificat médical de vulnérabilité établi par nos médecins bénévoles n’est pas prise en compte » précise madame Gardini.
De plus, il ressort des contacts que les permanences médicales dans les CASOs (Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation) MdM de Bonnevoie et d’Esch permettent d’avoir avec le public-cible de la WAK, que nombre de bénéficiaires préfèrent rester à la rue plutôt que d’aller à la WAK. En cause, « l’impossibilité, après des mois d’errance dans le froid et l’humidité, d’une nuit réparatrice avec un minimum d’intimité, quand on se retrouve dans la promiscuité de dortoirs parfois équipés de soixante lits superposés ou parce qu’il n’y a que peu d’espaces protégés, quand on est une femme ou une famille » déplore la Responsable du Service social de MdM.
Par ailleurs, « nos bénéficiaires se découragent aussi de devoir entreprendre sans cesse les mêmes démarches d’admission à la WAK. Or, les personnes en précarité ont besoin de sécurité : il faut donc leur offrir un service qui y répond à travers des heures d’ouverture bien plus étendues » explique Stéphanie Gardini.
Quant à la fermeture annuelle de la WAK, elle a suscité chez certain.e. s des bénéficiaires MdM un stress évident dû à l’angoisse de se retrouver à la rue. « Une ouverture annuelle, comme dans d’autres villes telles que Bruxelles par exemple, leur éviterait cette peur d’un retour à la rue que les canicules qui se multiplient ne rendent pas moins pénibles en été » ajoute Gardini. Cela permettrait surtout l’intensification d’un travail d’accompagnement des personnes, ce qui est une condition indispensable à la sortie de la rue et à l’intégration dans la société à laquelle elles aspirent fondamentalement.
« Ce serait aussi une contribution essentielle à l’ambition européenne de la Déclaration de Lisbonne qui vise à sortir du sans–abrisme en 2030 » conclut Madame Gardini, puisque le Grand-Duché l’a ratifiée comme les autres Etats européens et pour laquelle il doit encore se donner une stratégie dont une WAK revue et corrigée peut constituer un rouage central.