Réactions de MdM sur le Plan national de lutte contre la pauvreté
Des engagements intéressants, quelques absences, mais surtout la nécessité de vite et bien le concrétiser
En réaction à la présentation et la publication du Plan national de Lutte contre la Pauvreté, Médecins du Monde (MdM) note que certaines recommandations qu’elle a émises ont été reprises dans le Plan, en particulier celle qui concerne la Couverture Universelle des Soins de Santé (CUSS). Mais il reste à passer de la théorie à la réalité : MdM sera attentif au suivi concret accordé à ce Plan, pour ce qui est de la CUSS, mais aussi pour ce qui est de la lutte contre le sans-abrisme.
Médecins du Monde a pris connaissance du Plan national de lutte contre la pauvreté, présenté hier matin par les Ministres Hahn, Deprez et Meisch.
L’ONG prend note avec grand intérêt des avancées intéressantes dans ce Plan, en particulier pour les matières qui sont les siennes, à savoir la santé, l’accès à celle-ci et sa promotion.
MdM se réjouit que la Ministre Deprez confirme sa volonté de transformer le dispositif actuel de « Couverture Universelle des Soins de Santé » (CUSS) en une loi, ce pour quoi MdM milite depuis longtemps. L’association active à Esch et à Bonnevoie a d’ailleurs contribué activement à l’évaluation du projet pilote lancé par la Ministre. Mais elle restera attentive à ce que les « critères précis » évoqués dans le Plan permettent un accès le plus inconditionnel possible à des soins de qualité, pour consacrer le droit à la Santé repris par une série de textes internationaux depuis la création de l’OMS et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
MdM accueille très favorablement le fait que le Plan veuille favoriser la mise en œuvre et l’extension du dispositif de « paiement immédiat direct » (PID) auprès des praticiens et du tiers payant social pour les frais liés à la psychothérapie. Elle attend sa généralisation rapide, permettant aux personnes en situation financière difficile d’accéder aux soins, en particulier en matière de Santé mentale qui touche particulièrement la population soignée par MdM.
C’est aussi avec grand intérêt que MdM constate les efforts envisagés pour mieux protéger et promouvoir la santé de tous les enfants en bas âge, notamment ceux se trouvant dans des situations vulnérables.
En matière de promotion de la santé, si MdM note le premier pas constitué par la création d’un cadre analytique de l’impact des facteurs socio-économiques influençant la Santé, elle estime que les connaissances scientifiques en ce domaine sont telles que le Plan aurait pu aller beaucoup plus loin quant à l’amélioration de ces facteurs : elle déplore notamment l’absence à travers tout le Plan de toute considération sur l’accès au travail pour les populations fragilisées, facteur déterminant de l’estime de soi et du bien-être général.
Quant au sans-abrisme, autre facteur déterminant de la Santé comme MdM peut le constater au quotidien lors de ses permanences socio-médicales, l’organisation humanitaire déplore le fait que ce Plan ne consacre pas une base légale au Droit au logement et qu’il faille attendre un plan spécifique dont il ne sont précisés ni les délais, ni l’ambition. Quant à l’adresse de référence, dont l’absence constitue un obstacle à l’accès à de multiples droits, si le Plan entend « préciser les dispositions concernant l’adresse de référence afin de veiller à une application harmonieuse et cohérente de la loi … et garantir un traitement égalitaire des demandes », cette formulation reste trop vague et incertaine pour MdM : elle demande la révision rapide de la loi sur l’adresse de référence.
Il reste au Gouvernement à mettre en place toutes les mesures annoncées dans le Plan national de Lutte contre la Pauvreté : il est essentiel que les modalités de mise en place soient les plus inclusives et accessibles possible au public précarisé. MdM restera attentif à ce qu’il en soit ainsi et espère que le comité de suivi intègrera des acteurs de la Santé, celle-ci étant un facteur déterminant de la pauvreté.